Le jeu Popeye sur Nintendo NES, sorti initialement en arcade en 1982 puis adapté sur la Famicom/NES en 1983, est un classique du jeu vidéo qui mérite d’être revisité, tant pour son gameplay que pour son histoire singulière dans l’industrie. Développé par Nintendo sous la direction de Genyo Takeda et Shigeru Miyamoto, ce jeu de plateformes est directement inspiré de la bande dessinée créée par E.C. Segar et licenciée par King Features Syndicate. Le joueur incarne Popeye, le célèbre marin, qui doit collecter des objets lancés par Olive Oyl tout en évitant Brutus et d’autres dangers. Le gameplay est simple mais efficace : Popeye se déplace sur plusieurs niveaux reliés par des escaliers et des échelles, et dispose d’un bouton d’attaque pour détruire les objets hostiles, mais il ne peut pas sauter, une particularité notable pour l’époque.
Chaque niveau propose un objectif différent : récupérer 24 cœurs, 16 notes de musique ou 24 lettres formant le mot « HELP ». Brutus, le principal antagoniste, poursuit Popeye sans relâche, mais ce dernier peut devenir invincible en mangeant une boîte d’épinards, ce qui lui permet de repousser Brutus temporairement. Le jeu se distingue aussi par la présence d’autres personnages emblématiques de la série, comme Olive Oyl, Swee’Pea et Wimpy, bien que leur rôle soit surtout décoratif. Le premier niveau propose une mécanique originale : Popeye peut frapper un punching-bag pour faire tomber un seau sur la tête de Brutus, ce qui le rend inoffensif quelques instants et rapporte un bonus de points au joueur.
Mais l’histoire du jeu Popeye est indissociable d’une anecdote majeure dans l’histoire du jeu vidéo, qui a profondément influencé la carrière de Shigeru Miyamoto et le destin de Nintendo. À l’origine, Miyamoto devait concevoir un jeu d’arcade mettant en scène les personnages de Popeye, Olive Oyl et Brutus, dans une aventure où le héros devait gravir un échafaudage pour sauver Olive des mains de Brutus. Cependant, Nintendo n’a pas réussi à obtenir les droits nécessaires pour utiliser la licence Popeye dans un jeu vidéo d’arcade, au-delà des droits déjà acquis pour les jeux électroniques de poche. Face à cet échec, Miyamoto a dû repenser le concept et s’est inspiré du film King Kong pour créer ses propres personnages : Popeye est devenu Jumpman (qui allait devenir Mario), Olive Oyl a été remplacée par Pauline, et Brutus par le gorille Donkey Kong.
Ce détournement créatif a donné naissance à Donkey Kong en 1981, un jeu qui a révolutionné l’industrie grâce à ses niveaux multiples, son scénario simple mais efficace, et l’introduction de personnages emblématiques. Le succès de Donkey Kong a permis à Nintendo de s’imposer sur le marché américain et a posé les bases de la saga Mario, l’un des plus grands succès de l’histoire du jeu vidéo. Ironiquement, Nintendo a finalement sorti un jeu Popeye en 1982, après avoir obtenu la licence, mais ce dernier n’a jamais atteint la même notoriété que Donkey Kong.
En conclusion, Popeye sur NES est un jeu qui, malgré sa simplicité, occupe une place importante dans l’histoire du jeu vidéo, non seulement pour son gameplay accessible et son univers fidèle à la bande dessinée, mais aussi pour l’anecdote qui lie sa création à celle de Donkey Kong et de Mario. Sans l’échec de la licence Popeye, Miyamoto n’aurait peut-être jamais inventé Mario, et Nintendo n’aurait pas connu le succès phénoménal qui a suivi. Au delà de cette anecdote, le jeu a beaucoup vieillit et son intérêt est relativement limité.